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Après la révolution russe des années 1920, une nouvelle école s'intéressent à la structure des histoires, appelée formalisme russe. Elle aeu une influence majeure, par exemple en France, et a évolué vers le structuralisme.
Le formalisme russe divise l'histoire en trois couches :
- La fabula (légende,fable) : Série d'événements logiquement et chronologiquement liés, causés ou vécus par les personnages dans le monde de l'histoire.
- Sjužet (sujet) : L'arrangement fini (c'est-à-dire l'intrigue) des événements narrés tels qu'ils sont présentés au lecteur.
- Média/texte : La surface de l'histoire exprimée en signes linguistiques
Cette approche structuraliste a donné lieu à différents modèles, dont trois sont examinés ici : L'analyse des contes populaires russes par Vladimir Propp, l'analyse des contes populaires des autochtones d'Alaska par B.N. Colby et les grammaires de contes de David Rumelhart.
La morphologie des contes populaires russes de Propp
Vladimir Propp était un structuraliste russe, qui a été influencé le formalisme russe. Il s'intéressait particulièrement aux contes populaires russes, qu'il a commencé à analyser pour leur trouver une structure commune. Son livre Morphologie du conte populaire sur les résultats de l'analyse a été publié en russe en 1928, et traduit dans d'autres langues dans les années 1950 (Propp 1968). A l'époque, le livre a influencé de nombreux folkloristes et a encouragé l'étude de la morphologie, ouvrant la voie, par exemple, au structuralisme français.
Le noyau de la morphologie de Propp est constitué de 31 unités narratives ou narrathèmes qui apparaissent dans les contes populaires analysés. Il s'agit des primitives de base, qui tendent à apparaître dans le même ordre dans les histoires. Chacun de ces narrathèmes a un symbole, ce qui permet de présenter la structure comme une séquence de ces symboles.
Les narrathèmes forment des sphères qui divisent la structure de l'histoire en quatre phases :
1. L'introduction : Présente la situation et la plupart des personnages principaux et plante le décor de l'aventure qui suivra.
- Un membre d'une famille quitte la maison et le héros est présenté.
- Une interdiction est adressée au héros (par exemple, " n'allez pas là " ou " ne faites pas ceci ").
- L'interdiction est violée lorsque le méchant entre dans le récit.
- Le méchant fait une tentative de reconnaissance.
- Le méchant obtient des informations sur la victime.
- Le méchant tente de tromper la victime pour prendre possession de la victime ou de ses biens.
- La victime se laisse prendre par la tromperie.
2. Le corps de l'histoire : L'histoire principale commence ici et se prolonge jusqu'au départ du héros pour la quête principale.
- Le méchant cause un malheur à un membre de la famille ou le membre de la famille manque de quelque chose.
- Le malheur ou le manque est connu (par exemple, le héros entend l'appel au secours).
- Le héros accepte de partir.
- Le héros quitte sa maison.
3. Séquence du donneur : Le héros part à la recherche d'une méthode permettant d'atteindre la solution, en obtenant du donateur un agent magique.
- Le héros est mis à l'épreuve pour préparer la voie à la réception d'un agent magique de la part du donneur.
- Le héros réagit aux actions du donateur (par exemple, il affronte une épreuve fixée par le donateur).
- Le héros acquiert l'agent magique.
- Le héros est dirigé vers le lieu où se trouve l'objet de la recherche (par exemple, par un assistant).
- Le héros et le méchant se rejoignent dans un combat direct.
- Le héros est marqué (par exemple, il est blessé ou reçoit un jeton spécial).
- Le méchant est vaincu.
- Le malheur ou le manque initial est résolu (par exemple, le sort est rompu ou un captif est... libéré).
4. Le retour du héros : Le héros rentre chez lui, en affrontant éventuellement une dernière tâche afin de recevoir l'accueil du héros.
- Le héros revient.
- Le héros est poursuivi (par exemple, il tombe dans une embuscade ou est ridiculisé).
- Le héros est sauvé de la poursuite.
- Le héros arrive chez lui sous une forme non reconnue.
- Un faux héros présente des affirmations non fondées.
- Une tâche difficile est proposée au héro.
- La tâche est résolue.
- Le héros est reconnu (par exemple, par une marque ou par la possession d'un jeton spécial) Ex : Le faux héros ou le méchant est démasqué.
- Le héros reçoit une nouvelle apparence (par exemple, de nouveaux vêtements).
- Le méchant est puni.
- Le héros est récompensé (par exemple, il se marie ou monte sur le trône).
Comme ces narrathèmes rassemblent la structure générale d'une histoire, une instance particulière peut manquer pour certaines d'entre-elles ou une phase entière (par exemple, la séquence du donneur). La structure peut être plus complexe, avec deux ou trois séquences parallèles ou se croisant.
Comme nous pouvons le voir dans les narrathèmes, les histoires ont un ensemble de personnages, qui sont définis du point de vue de leur importance pour le déroulement de l'action (c'est-à-dire que les rôles des personnages sont indépendants des personnages réels). Propp énumère les rôles des personnages suivants :
- Le méchant qui lutte contre le héros (par exemple, les narrathèmes.
- Donateur qui prépare le héros ou lui donne quelque objet magique .
- Aide qui aide le héros dans sa quête.
- Princesse (ou son père) qui donne la tâche au héros et est souvent recherchée au cours du récit.
- Distributeur qui fait connaître le manque et envoie le héros au loin.
- Héros qui part à la recherche, rencontre le donneur et rentre chez lui .
- Faux héros qui s'attribue le mérite des actions du héros.
Une critique majeure contre la morphologie de Propp est qu'elle classe les rôles des personnages en fonction de ce qu'ils sont (par exemple un héros, un donneur ou une princesse) et non de ce qu'ils font.
La première analyse sémiotique du récit basée sur les rôles est le modèle actantiel introduit par A.J. Greimas en 1966 et des ses six actants.
Le protagoniste d'une histoire est le sujet qui cherche un objet. L'expéditeur a chargé le sujet de cette tâche. La tâche pour le sujet est de livrer l'objet à un récepteur. Le sujet reçoit l'aide de l'assistant, tandis que l'opposant agit comme un antagoniste aux efforts du sujet.
Lorsque les travaux de Propp ont été traduits en anglais en 1958 (et plus tard en français), sa morphologie a été reconnue et a commencé à influencer l'analyse narrative occidentale. En outre, le cadre défini par Propp a été très séduisant pour de nombreux informaticiens travaillant sur des histoires générées par ordinateur. Il offre une mise en œuvre évidente, où le système reconnaît d'abord quel est le thème narratif qui convient à la situation actuelle et sélectionne ensuite le thème narratif suivant dans la séquence et crée un nouveau contenu sur cette base.